À l’occasion de la rentrée scolaire 2023, nous vous proposons de découvrir une bande dessinée (roman graphique) coup de cœur – Le Colibri (© Éditions La Joie de lire, Genève, 2022) d’Élisa Shua Dusapin et d’Hélène Becquelin – lauréat du Prix suisse du livre jeunesse 2023. S’intégrant à un projet à la fois littéraire, théâtral et musical, l’album se présente comme un véritable conte merveilleux, qui traite avec douceur et délicatesse des thématiques de l’adolescence, de l’amour naissant et du deuil.
Le Colibri est le fruit de la collaboration entre l’autrice Elisa Shua Dusapin et l’illustratrice Hélène Becquelin, mais également entre le Théâtre Am Stram Gram et l’Orchestre de la suisse romande, puisqu’il s’agit de l’adaptation littéraire d’une pièce de théâtre du même nom, jouée sur scène en présence de l’orchestre en mai 2022 à Genève. L’album existe d’ailleurs à la fois dans sa forme physique et comme un livre-audio intégrant par le biais d’un QR-code la musique du spectacle, composée par Christophe Sturzenegger.
Le Colibri relate l’histoire de Célestin qui, à la suite de la disparition de son frère et accompagné de ses parents désormais silencieux, quitte sa maison en bord de mer pour emménager en ville, dans un immeuble résidentiel. Fuyant le silence familial, le jeune adolescent se réfugie sur le toit de l’immeuble, où il fait la connaissance de Lotte, avec qui, au fil des planches, il tisse une amitié à la fois maladroite et attendrissante. En parallèle, le quotidien du jeune homme est bouleversé par les allers et venues de Célin, son grand frère ailé, devenu explorateur du ciel. Un jour, ce dernier dépose dans les mains de son petit frère un colibri immobile, aux yeux fermés, en expliquant que l’oiseau est en état de torpeur : il est entré dans un sommeil profond, tandis que son rythme cardiaque a diminué pour lui permettre de survivre. À Celestin donc d’en prendre soin, et surtout, de lui laisser le temps qu’il faudra pour sortir de cet état. Le quotidien du héros est alors partagé entre le présent, dans lequel il côtoie Lotte et expérimente l’intensité de chaque instant, et les apparitions de Célin, qui lui permettent de revivre, de façon solitaire et éphémère, une complicité fraternelle difficile à laisser dans le passé.
La beauté de l’album se joue dans la subtilité des dialogues d’Elisa Shua Dusapin, à laquelle répondent les magnifiques dessins noir et blanc d’Hélène Becquelin. La couleur, elle, émerge ponctuellement, dans les moments les plus symboliques. Les thématiques abordées – qui touchent directement un public adolescent (dès 12 ans) – de même que le tissage métaphorique autour de la figure du colibri, font de ce roman graphique un véritable coup de cœur, à intégrer au plus vite parmi les lectures phare du 3ème cycle ! Le choix de passer par la bande dessinée permet en outre d’aborder avec intérêt le récit et le traitement de thématiques liées à l’adolescence, mais également de s’attarder sur le pouvoir symbolique du dessin, qui nous plonge dans le monde de Célestin et nous fait vivre, en même temps que lui, l’expérience longue, douloureuse et éprouvante du deuil. En parallèle, le registre merveilleux invite les jeunes lectrices et lecteurs à interpréter les blancs volontairement laissés par le texte. C’est ainsi que, tout en délicatesse, Le Colibri suggère qu’un monde de plus en plus coloré et rempli d’espoir peut (encore) émerger.
La beauté de l’album se joue dans la subtilité des dialogues d’Elisa Shua Dusapin, à laquelle répondent les magnifiques dessins noir et blanc d’Hélène Becquelin. La couleur, elle, émerge ponctuellement, dans les moments les plus symboliques. Les thématiques abordées – qui touchent directement un public adolescent (dès 12 ans) – de même que le tissage métaphorique autour de la figure du colibri, font de ce roman graphique un véritable coup de cœur, à intégrer au plus vite parmi les lectures phare du 3ème cycle ! Le choix de passer par la bande dessinée permet en outre d’aborder avec intérêt le récit et le traitement de thématiques liées à l’adolescence, mais également de s’attarder sur le pouvoir symbolique du dessin, qui nous plonge dans le monde de Célestin et nous fait vivre, en même temps que lui, l’expérience longue, douloureuse et éprouvante du deuil. En parallèle, le registre merveilleux invite les jeunes lectrices et lecteurs à interpréter les blancs volontairement laissés par le texte. C’est ainsi que, tout en délicatesse, Le Colibri suggère qu’un monde de plus en plus coloré et rempli d’espoir peut (encore) émerger.
Pour aller plus loin :
- Émission « L’écho des pavanes » de la RTS, intitulée « "Le Colibri", un bel oiseau théâtral pour chasser la torpeur » : https://www.rts.ch/info/culture/spectacles/13085425-le-colibri-un-bel-oiseau-theatral-pour-chasser-la-torpeur.html
- Podcast de l’émission « Vertigo » de la RTS (interview d’Elisa Shua Dusapin) : https://www.rts.ch/audio-podcast/2022/audio/l-invitee-elisa-shua-dusapin-le-colibri-25822194.html
- Article de la Tribune de Genève du 15 mais 2022 : https://www.tdg.ch/elisa-shua-dusapin-raconte-une-autre-histoire-de-colibri-770703488786
Chronique publiée le 29 aout 2023
Par Violeta Mitrovic, responsable de projets et chargée d'enseignement à la Haute école pédagogique de BEJUNE