En bonus, plus bas dans la chronique :

ce qu’en dit Alice, jeune lectrice de 5H !

En septembre dernier, par un après-midi ensoleillé, j’ai eu la chance de faire la connaissance de l’auteur des Mémoires de la forêt à l’occasion du « Livre sur les quais ». Et quelle rencontre exceptionnelle ! La passion était palpable : à l’image de ses textes, Mickaël Brun-Arnaud m'a livré, avec une incroyable générosité et beaucoup de délicatesse, des impressions sur son travail. Je les mêle à ma chronique afin de vous offrir un aperçu encore plus exquis de l’œuvre. En effet, quoi de mieux que de commencer l’automne avec une lecture savoureuse ?

 

Portrait de MBA © Instagram de MBA @thefoxstoryteller

« Au cœur de la forêt du village de Bellécorce et dans les collines alentour vivent des animaux doués de raison, de parole et d’humour, qui portent des vêtements cousus de leurs propres pattes et concoctent des pâtisseries à vous en retrousser les babines. Chaque jour depuis la nuit des temps, renards, oiseaux, souris, taupes et belettes partent travailler ou s’amuser, construisent une famille de sang ou de cœur et façonnent ensemble la tendre histoire de leur existence. Dans ces Mémoires de la forêt, vous trouverez consignées les destinées grandioses de minuscules animaux qui ont foulé ces bois, animés par l’esprit d’aventure, le sentiment amoureux, la puissance de l’amitié. »

Mémoires de la forêt: les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickaël Brun-Arnaud, illustré par Sanoe © L'École des loisirs, 2022

À l'origine

C’est ainsi qu’en préambule, on découvre la fabuleuse adresse au lecteur qui invite à s’immerger dans les Mémoires de la forêt. Accompagné de la talentueuse Sanoe, de ses aquarelles étoffées et colorées, Mickaël Brun-Arnaud (MBA) pose une chape magique sur la forêt avec ses animaux anthropomorphisés et un univers qui rappelle quelque peu celui de Beatrix Potter ou encore celui d’Ernest et Célestine ! Ces attachantes créatures nous embarquent dans leurs péripéties et dénouent les lianes, parfois douloureuses, du secret. On a hâte de tourner les pages, d’y découvrir un dessin et ses fins détails ou une pleine page ouvrant sur un paysage sylvestre.

 

À la mémoire de ceux qui l'ont perdue

Ancien psychologue, MBA a côtoyé de près la maladie d’Alzheimer, « l’Oublie-tout », et les maladies neuro-évolutives, leurs victimes, mais également les proches de ces dernières. C’est en 2020, dans un contexte de confinement et de déstabilisation (covid oblige), que l’écrivain prend la plume car il souhaite offrir, dit-il, « une bulle de réconfort ». Il s’exprime maintenant avec du recul : « Je pense aujourd'hui que ce livre est ma façon personnelle de traiter tout ce que j'ai vécu en tant que soignant, mais surtout en tant que personne, alors que je n'avais qu'une vingtaine d'années. Très tôt, j'ai été confronté au deuil, à la sénescence, à la souffrance des familles. Mais j'ai aussi été le témoin et l'auditeur privilégié d'histoires de vie extraordinaires, d'amours vécus ou contrariés, d'enfances heureuses ou morcelées... Mémoires de la forêt est à la rencontre de tout ça – s'il peut être déposé indifféremment sur le chevet d'un enfant, la table d'un soignant ou dans les mains d'un aidant, alors je crois que j'aurais donné un sens supplémentaire à mon existence. »

Reconverti en libraire passionné par la littérature jeunesse et les mangas, l’écrivain saisit des sujets sensibles, difficiles et angoissants à hauteur d’enfant en optant pour la forme du conte aux notes féériques. Dans une langue riche, subtile et une structure claire et linéaire, MBA aborde les problématiques profondes de la maladie, du deuil, de la différence, de l’amour et de la solidarité sous toutes leurs déclinaisons. Très rapidement, la maison d’édition L’École des Loisirs fait paraître le texte dans sa collection Neuf, destinée au public des 8 à 11 ans (Cycle 2). Le lectorat est conquis : en 2023, l’œuvre est lauréate, entre autres, du Prix Sorcières dans la catégorie Carrément Passionnant mini ! Pour vous mettre en appétit, en voici un bref aperçu.

Mémoires de la forêt: les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickaël Brun-Arnaud, illustré par Sanoe © L'École des loisirs, 2022

Mémoires de la forêt: les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickaël Brun-Arnaud, illustré par Sanoe © L'École des loisirs, 2022

Dans la forêt

Libraire passionné en quête d’aventures, Archibald Renard chérit ses livres à Bellécorce. Un jour, le vieux Ferdinand Taupe, qui souffre de la maladie de l’Oublie-tout, y débarque et cherche désespérément ses « Mémoires d’Outre-Terre » confiées il y a bien des années à Cornelius Renard, ancêtre d’Archibald. Il y a retranscrit ses souvenirs les plus importants et en a urgemment besoin pour lever le voile sur le pourquoi et le comment de l’absence de son épouse bien-aimée, Maude. Or, le manuscrit vient tout juste de disparaître la veille entre les pattes d’un acheteur inconnu.

C’est l’occasion à saisir ! Archibald décide alors de délaisser sa librairie pour partir avec son ami à la recherche de Maude et reconstruire, bribe par bribe, les mémoires de Ferdinand. Sans jamais faillir, il lui viendra en aide vaillamment sur le rude sentier du souvenir, grignoté, parfois même décimé, par l’Oublie-tout. Au gré de leur enquête, le renard et la taupe renforceront leurs liens et en (re)noueront d’autres, aussi solides et précieux, que ceux que Maude a laissés derrière elle, telle une pluie de poudre d’amande sur un gâteau meringué. Ils boiront un thé chez Pétunia Marmotte, écouteront le concert de Gédéon Hibou Duchêne, décachèteront le lourd courrier du postier Brisevent, mésange fidèle, pousseront la porte de Violette à Brocantaupe, verseront des larmes auprès d’Elisabeth Poule, qui tient la Retraite des Plumes, et y croiseront la route d’un mystérieux Rousseau Blaireau, dont les traits rappellent mystérieusement ceux de Ferdinand. Même absente, Maude est la clé de voûte de cet ensemble et brille par sa présence, laquelle se retrouve dans la destinée de chacun de ces personnages.

Mémoires de la forêt: les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickaël Brun-Arnaud, illustré par Sanoe © Instagram de MBA @thefoxstoryteller

Délices aquarellés

Dans les rayons de littérature jeunesse ou sur les présentoirs, difficile de passer à côté des reflets irisés et des pastels expressifs de la couverture des Mémoires de la forêt ! Pour cela, MBA fait confiance à Sanoe qui parvient à donner à vie à sa création : « J'ai rencontré Sanoe dans ma librairie, au Renard Doré. Anxieux à l'idée de rencontrer l'École des loisirs pour discuter de mon projet, j'ai partagé mes émotions avec l'illustratrice présente ce jour-là en dédicace. Cet après-midi de septembre, Sanoe m'a partagé son expérience, en toute bienveillance, et parce qu'elle le réclamait, j'ai partagé mon manuscrit avec elle. Ce fut le début d'une longue et belle collaboration – et chaque jour, la couverture de Sanoe est la raison principale pour laquelle une·e lecteur·trice choisit ce livre, et ses dessins l'accompagnent tout au long de l'aventure. Plus que des supports visuels de l'univers, ils sont garants du confort, de la compréhension et de la sensorialité que mes mots veulent retranscrire. »

MBA et Sanoe s’allient pour dépeindre avec habileté les moments les plus âpres de la maladie de l’Oublie-tout. L’illustratrice et l’auteur leur confèrent à chaque fois une note sucrée. Aussi, les passages de crise et de détresse s’accompagnent-ils du goût du chocolat-guimauve, des beignets de châtaignes enrobées de sucre, de confiture de mûre et de poudre de marron ou de celui d’une tarte aux Amaudes (version poétique et culinaire du mot amande et du prénom Maude assemblés) de laquelle « sous la douce robe blanche meringuée des fraises bien mûres se découpaient sans effort comme des rubis tendres, juste du bout de la cuillère, sur un lit de pâte sablée parfaitement cuite au goût de beurre caramélisé » (p. 57). Dès lors, on ne peut s’empêcher de penser à la force évocatrice de la madeleine de Proust : les souvenirs occultés par l’Oublie-tout sont ravivés par le pouvoir voluptueux d’une bouchée enchanteresse. À noter que les casse-museau et autres mets ne se dégustent jamais en solitaire : les personnages ont la chance d’être toujours accompagnés d’une patte amie et protectrice.

Ce qu'en dit Alice...

Premier livre d’une série de quatre volumes, Les souvenirs de Ferdinand Taupe n’est que l’amorce d’aventures et d’investigations. Heureusement, la suite, qui respecte le cours des saisons, est déjà là. Après une fin d’été chaude et lumineuse, on délaisse Ferdinand Taupe pour entrer dans le cadre automnal des carnets de Cornélius Renard. On s’y attarde davantage sur l’histoire d’Archibald Renard, privé brutalement de sa librairie, et sur les origines de celle-ci où de lourds secrets familiaux sont peu à peu dévoilés. L’Esprit de l’hiver, troisième tome arrivé dans les librairies le 4 octobre dernier, nous promet du suspens et nous embarque à bord d’un légendaire train à vapeur qui roule en direction du Grand-Nord, vers les dangereuses vallées de Sombrehiver. Quant à La saison des adieux, dernier volume de la série, il faudra attendre 2024 pour le feuilleter.

Coup de cœur donc pour moi qui n’attends plus que de découvrir la suite des Mémoires ! Tout comme Alice, 8 ans presque et demi, élève de 5H, à l’école primaire de Marly dans le canton de Fribourg et grande lectrice. La jeune écolière a accepté de nous livrer sa vision de la forêt de Bellécorce et de ses animaux en quelques impressions prises sur le vif !

 

L’histoire, tu nous en parles ?

Ferdinand Taupe a la maladie de l’Oublie-tout. Il oublie beaucoup de choses qui se sont passées. Des fois ça revient comme en petits passages et après ça repart. Ferdinand Taupe cherche son livre pour retrouver ses souvenirs. Archibald va aider son ami. On dirait des amis qui jouent aux enquêteurs.

Et les personnages ?

Archibald Renard et Ferdinand Taupe sont mes préférés. Ils sont amis depuis longtemps.

Maude a été emportée par l’incendie. Elle est toujours là mais elle est sous le sol, disons…

Rousseau Blaireau c’est une des seules choses que Ferdinand a pour lui. À la fin de l’histoire, Maude serait contente, car elle saurait que Ferdinand et Rousseau se sont retrouvés !

Quelques impressions à la lecture ?

Le titre déjà : forêt…, mémoires…, c’est pas mal! J’aime bien la nature.

Archibald veut aider son ami. En le portant quand le voyage est trop long. Il va l’accompagner tout le long. Ferdinand s’en sort grâce à Archibald. Avoir des amis c’est un truc cool, beaucoup même! Comme au moment où Archibald et Ferdinand doivent monter dans le chêne de Gédéon Hibou Duchêne. Archibald porte Ferdinand sur ses épaules sur 350 marches! Pour moi, ça représente l’amitié.

Et les images ?

En les regardant, tu sens déjà l’odeur! Ça donne envie de manger, surtout le chocolat-guimauve!

J’ai choisi cette illustration (Autour du grille-pain) parce qu’il y a tous les amis de Ferdinand et d’Archibald. Archibald a l’air bien plus grand que le reste. On voit un toaster rempli de roses qui représenterait une tombe en fait.

C’est un livre épais tout de même, non ?

J’adore quand il y a beaucoup de pages ! C’est plus long à lire, sinon les autres livres, ils ont même pas 40 pages, c’est beaucoup trop court parce que c’est lu en même pas dix minutes ! Ici, c’est comme si l’histoire n’était pas finie.

Je l’ai lu en deux jours et demi sans lire à plein temps. C’est entraînant! C’est très bien écrit et les dessins sont bien faits aussi. Mais je ne le conseillerais pas forcément aux moins de 5 ans. À la fin, l’histoire est un peu triste, à cause de la maladie, le fait que Maude n’existe plus.

Y a des moments chouettes comme quand Ferdinand retrouve pendant des petits moments sa mémoire, ou bien quand il mange, qu’il se balade. C’est important quand il mange parce qu’il retrouve ses souvenirs pendant qu’il mange. Parce que la tarte aux Amaudes, Maude elle l’a faite!

Un mot encore ?

Fin 2023 y aura le troisième tome! Je sais pas si plus tard il y en aura encore d’autres mais j’espère.

Mémoires de la forêt: les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickaël Brun-Arnaud, illustré par Sanoe © L'École des loisirs, 2022

... et ce qu'en pense l'auteur !

À Morges, MBA a pris connaissance de la lecture d’Alice avec beaucoup d’intérêt. Pour moi (et pour elle !), le romancier a accepté de commenter ses réponses : « J'ai été très touché par les propos d'Alice qui, du haut de ses 8 ans et demi, a eu accès à des éléments de la double lecture. Ses propos sur Ferdinand, sa pathologie et sur ce qu'il retrouve à la fin du livre sont dignes d'une lecture adulte, empreints d'une adorable sagesse enfantine. J'étais aussi très heureux de lire qu'elle a ressenti toute la sensorialité que j'ai voulu donner à cette histoire : les parfums, les saveurs ; et la réminiscence qu'elles peuvent provoquer chez une petite taupe atteinte de la maladie de l'Oublie-tout. Ces sens qui, une fois que la mémoire et la parole se sont envolées, permettent de trouver un autre chemin vers son identité... »

Pour enquêter auprès des élèves

La question pédagogique est présente dans l’esprit de MBA. L’auteur, qui est entouré de nombreux·ses ami·e·s enseignant·e·s, m'explique que la réflexion accompagne même le processus de création : « Ma préoccupation principale, à l'écriture de ce texte, était de participer à l'apprentissage de l'empathie ; dans une littérature jeunesse où il est courant de s'affirmer, d'affirmer son identité quitte à bousculer, j'étais heureux de présenter des héros quotidiens, capables de mettre leur vie de côté, juste un instant, pour aider un ami en situation de fragilité»

On l’aura compris, le premier volume des Mémoires de la forêt se présente comme un outil intéressant et son utilisation en classe peut s’avérer fructueuse. Je vous propose ici quelques pistes que vous pourrez vous approprier, dans vos contextes spécifiques :

Par sa longueur (320 pages), le roman constitue une lecture suivie que l'élève peut mener en cercles de lecture afin de favoriser l’échange dans une démarche comparative tout en affinant son point de vue et sa compréhension du texte.

Il·elle pourrait être amené·e à réfléchir sur la représentation, la fonction et la symbolique de chaque personnage :

De quoi souffre Ferdinand Taupe ? 

Qu’est-ce qui le rend triste ou heureux ? 

Quels sont les personnages qui lui viennent en aide et comment ?

De telles interrogations inviteraient les élèves à s’installer à la place des héroïnes et héros ; à se positionner émotionnellement par rapport à leur propre vécu.

Chaque début de chapitre étant accompagné d’illustrations en lien avec son contenu, une entrée par l’image, articulée au texte, se prêterait excellemment bien. On s’imagine très bien évoluer à tâtons dans Les Mémoires de la forêt :

  • en proposant par exemple aux élèves la formulation d’hypothèses de lecture visant à faire émerger la trame narrative et/ou à étudier l’avancée de l’enquête à travers certains indices de lecture ;
  • en les incitant à imaginer les multiples suites et ouvertures possibles à travers des productions écrites ;
  • en élaborant des exercices de description complétés par un travail de recherche autour du vocabulaire, à partir des images ;
  • en effectuant une recherche sur d’autres romans ou albums jeunesse qui ont pour personnages des animaux auxquels on a donné des caractéristiques humaines (à ce titre, je vous renvoie à la chronique de Cécile Dubois : https://www.voielivres.ch/les-animaux-en-litterature-jeunesse-pas-si-betes-que-ca-3-3/).

Lecture musicale des Mémoires de la forêt © Instagram de MBA @thefoxstoryteller

Pour le bonheur des petit·e·s et des grand·e·s, MBA a imaginé et mis en scène son texte en musique ! On s’inspire volontiers de cette lecture musicale pour créer des activités autour de l’oralité en classe.

Les amateur·trice·s d’escape game seront ravi·e·s de savoir que l’auteur a inventé, en collaboration avec L’École des loisirs, un jeu à dimension intergénérationnelle : « La jeunesse reste longtemps insensible à la sénescence ; mais dans l'escape game que j'ai élaboré, parents et enfants se mettent à la hauteur recourbée de leurs aînés et expérimentent leurs difficultés. Ainsi, le temps d'un jeu, les mots s'échappent, la mémoire s'abîme, les sens s'amenuisent et chacun doit s'entraider pour aller au bout d'une épreuve. Il n'y a qu'en se mettant physiquement dans les souliers de l'autre qu'on peut imaginer ce qu'il ressent. » Si vous avez la chance de participer à une séance de dédicace de l’auteur, vous aurez peut-être l’occasion de vivre cette expérience ludique animée par lui-même !

Pour se délecter davantage

  • Interview de Mickaël Brun-Arnaud et de Sanoe : https://youtu.be/XMavhB3FR1k?si=Ixw1WRUF-w5UAwUN
  • Site et Instagram du Renard Doré, librairie parisienne de Mickaël Brun-Arnaud (notre Archibald, en vrai) : https://lerenarddore.fr/ @le.renard.dore
  • Instagram de Mickaël Brun-Arnaud, pour rester dans l’actualité. L’auteur y a notamment lancé un concours d’écriture en intégrant ses lectrices et lecteurs au processus de rédaction des suites des Mémoires de la forêt: @thefoxstoryteller; et pour l’enchantement, celui de l’illustratrice Sanoe @sanoesnou
  • Site de L’Enclos de Ninon, qui sert les pâtisseries des Mémoires de la forêt créées par le Chef Toyoyuki, dont la fameuse tarte aux Amaudes : https://ninonparis.fr/l-enclos

Mémoires de la forêt, thé et tarte aux Amaudes © Instagram de MBA @thefoxstoryteller

Chronique rédigée par Elsa Nguyen, assistante-doctorante à la HEPL (elsa.nguyen@hepl.ch)
Un immense merci à Mickaël Brun-Arnaud pour sa chaleureuse disponibilité et ses réactions enthousiastes au regard affuté d’Alice Grube. Ma reconnaissance va aussi à cette dernière dont la passion pour les livres a donné l’impulsion à cette chronique.